Dans ma maison, il y a en permanence trois étudiants étrangers qui vivent avec moi en colocation, parfois plus quand il s’agit de dépanner. Ils restent quelques semaines, un semestre ou plusieurs années, le temps de leurs études en France ou de trouver un autre logement. J’en ai déjà accueilli une cinquantaine au total, de plus de 25 nationalités différentes. Et ça me plaît !
Colocataire de toujours, ou presque !
J’ai commencé très tôt la colocation, dès 1972, après avoir eu mon bac. A l’époque, peu avaient les moyens de vivre seuls dans un studio. A part ceux qui étaient en résidence universitaire, tout le monde ou presque vivait à plusieurs dans un appartement.
On n’appelait pas encore ça de la colocation. Ca venait naturellement. Si une personne prenait un logement en location, très vite trois ou quatre de ses amis le rejoignaient. On vivait ensemble au rythme des couples qui se formaient et se séparaient. Il n’y avait pas vraiment de règles, c’était implicite.
Depuis, j’ai toujours plus ou moins vécu ainsi. Même quand j’ai commencé à travailler et que je suis devenue propriétaire. J’ai toutefois arrêté pendant quelques années, quand j’ai rencontré le père de mes enfants et que nous avons fondé une famille. Mais quand on s’est séparé, j’ai tout de suite renoué avec la colocation. Une jeune fille est alors venue loger chez moi gratuitement, contre quelques services : le ménage, les courses, la garde des enfants, etc.
Devenir professeur de français langue étrangère
Puis mes enfants ont grandi, ils sont devenus indépendants. A chacun de leur départ, j’ai ouvert leur chambre à un nouveau colocataire, de préférence étranger parce que j’aime découvrir de nouvelles choses, d’autres cultures. Je ne suis pas leur maman, mais je prends soin d’eux.
On échange beaucoup, également. Ils me posent constamment des questions sur le français, les règles de grammaire, notre orthographe parfois si particulière. En essayant de leur expliquer leurs erreurs, je me suis rendue compte que j’avais certaines lacunes pour expliquer le fonctionnement de la langue maternelle française. Peu à peu, nos discussions m’ont donné envie de reprendre mes études. J’ai sauté le pas il y a deux ans, obtenu mon diplôme et je suis aujourd’hui professeur de français langue étrangère. Je donne des cours à des enfants étrangers dans un collège, et à leurs parents.
Un état d’esprit collectif
Dans ma maison, chacun a sa chambre, son étage dans le frigo et dans les placards de la cuisine ; j’ai ma salle de bain et mes colocataires ont la leur ; on a une pièce commune qu’on peut investir à sa guise. Certains y passent beaucoup de temps, d’autres un peu moins. Chacun fait comme il veut, l’essentiel étant que tous se sentent bien, indépendamment et ensemble.
J’ai rarement eu besoin d’intervenir. Cela arrive parfois quand un colocataire est un peu trop bruyant, ou laisse traîner ses affaires. Ou qu’il ne joue pas le jeu de la colocation. Dans la très grande majorité des cas, cela se passe très bien. A tel point que je suis restée en contact avec nombre de mes anciens colocataires. Certains m’invitent même encore, plusieurs années après leur séjour, à venir passer quelques jours chez eux dans leur pays ! Ma première colocataire a une fille qui porte le nom de notre chat qu’elle aimait beaucoup !
Ce que j’aime dans la colocation, c’est qu’à plusieurs, tout est utile, tout fonctionne, rien ne se perd. Il n’y a pas de règles, juste une discipline collective de respect mutuel et de savoir-vivre. Quand vous avez compris cela, il ne vous reste plus qu’à profiter pleinement de la vie à plusieurs.